Impact des troubles musculo-squelettiques (TMS) sur le lieu du travail

Les coûts des troubles musculo-squelettiques sur le lieu du travail sont une préoccupation importante pour les entreprises Une étude française a trouvé que la prévention peut réduire les coûts. Cependant pour être efficaces les actions de prévention doivent tenir compte de toute une série de questions dans l’environnement du travail.

De nombreuses entreprises sont confrontées à l’augmentation des cas de TMS et engagent des actions importantes de prévention pour faire face à ce problème. La complexité des problèmes posés par ce type de pathologies et leurs causes multiples les rende difficiles à résoudre. Ainsi, les entreprises qui investissent en prévention se trouvent rapidement confrontées à la question de l'évaluation de leurs actions et celle du coût réel des pathologies. C’est donc sur ce point que l’ANACT a sous-traité une étude à l’institut ISEOR ayant comme but d’examiner les coûts réels des TMS pour informer les décideurs au sein des entreprises.

Cette étude se base sur un modèle théorique des coûts cachés, et sur les expériences de trois entreprises représentant plus de 500 salariés - deux dans le domaine de l’automobile et une troisième dans le domaine électronique - toutes trois avec des caractéristiques communes: une activité répétitive, des cycles de production courts, des montages manuels, une production en série, facteurs entraînant d’importants problèmes de TMS. Parallèlement, ces entreprises ont mis en œuvre une politique de prévention. Les coûts des actions de prévention sont analysés ainsi que les coûts (réels) des dysfonctionnements de ces pathologies ainsi que leurs conséquences sur les conditions de travail.

Les coûts des TMS

Une approche quantitative et qualitative a permis d’identifier les facteurs suivants:

• la refacturation des coûts de Securité Sociale des accidents de travail/maladies professionnelles;

• le coût de la gestion médicale du personnel souffrant de TMS;

• le coût de l’absentéisme lié aux TMS (heures d’absence, coût du remplacement);

• le coût au niveau administratif;

• les écarts de productivité directe liés aux TMS (restrictions d’allures autorisées).

Selon ces calculs, on arrive à des coûts «cachés» de l’ordre de 10 à 30 fois les coûts directs. Ainsi, le coût total des pathologies et des dysfonctionnements était estimé entre €6,800 et €11,200 par personne chaque année. Les causes essentielles de ces coûts élevés sont:

• l’absentéisme fréquent du personnel;

• les écarts de productivité directe liés aux restrictions d’allures sur les chaînes de production. Ces écarts sont souvent de l’ordre de 7%.

Par ailleurs, le coût des actions de prévention a été établi en prenant essentiellement en compte: l’aménagement ergonomique des postes, les actions de communication et de formation sur les TMS, la mise en place de groupes de travail... Le coût des actions de prévention a été estimé entre €1,400 et €7,100 par personne affectée par an.

Donc, plus l’entreprise investit des moyens financiers et humains, plus les coûts diminuent en général.

Évaluation des actions de prévention

En évaluant les actions de prévention menées dans les entreprises étudiées, l’étude constate que la prévention n’est pas une priorité partagée. On constate souvent un manque de communication de la direction sur la réalisation des actions de prévention, un essoufflement de ces actions, ainsi que des difficultés de relations service médical/opérationnel sur les restrictions médicales.

Les actions qui touchent aux aménagements de poste et à la prise en compte des restrictions d’aptitude sont, par ailleurs, souvent mal vécues car elles entraînent des tensions entre opérateurs, et avec l’encadrement.

Cette étude montre ainsi combien il est difficile d’évaluer les coûts réels des TMS. Elle montre les divers problèmes que posent ces pathologies et les différentes tentatives de prévention dans le domaine de l’environnement du travail. Adopter des critères pertinents, c’est donc mieux comprendre ce phénomène et par conséquent adapter des actions de prévention plus efficacement.