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Fin de la grève générale en Guadeloupe

France
A l’appel d’un collectif réunissant la quasi-totalité des syndicats, des partis politiques et des associations culturelles, une grève générale a duré 44 jours. Les négociations quadripartites entamées fin janvier butaient sur la revendication d’une hausse de salaire de 200 euros minimum.
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A l’appel d’un collectif réunissant la quasi-totalité des syndicats, des partis politiques et des associations culturelles, une grève générale a duré 44 jours. Les négociations quadripartites entamées fin janvier butaient sur la revendication d’une hausse de salaire de 200 euros minimum.

A l’appel du Collectif contre l’exploitation outrancière (‘Liyannaj Kont Pwofitasyon’, LKP) , une grève générale contre la vie chère a commencé en Guadeloupe le 20 janvier. La veille, les 115 stations-service avaient été fermées, leurs gérants exigeant le gel de toute nouvelle implantation. La conjonction de ces 2 mouvements a provoqué l’arrêt de toute activité économique.

Les revendications

Le LKP regroupe les représentants de 48 organisations, presque tous les syndicats insulaires (à l’exception de la Confédération française de l’encadrement – Confédération générale des cadres, CFE-CGC), des partis politiques et des associations culturelles. Sa plateforme de revendications comporte 146 points, notamment :

  • Le relèvement d’au moins 200 euros des bas salaires, retraites et minima sociaux,
  • Un salaire minimum guadeloupéen calculé sur le coût réel de la vie,
  • Une baisse significative des taxes et des marges sur les produits de première nécessité, sur les transports,
  • La diminution du prix des carburants, de l’eau, des communications et la transparence sur la fixation des prix.

Le LKP rappelle que le coût de la vie est en effet supérieur d’environ 30% à ce qu’il est en métropole. Les prix des produits alimentaires ont fortement augmenté au cours des derniers mois. 70 000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté, et le taux de chômage est très élevé (27% en 2007).

D’importantes manifestations ont été organisées les 24, 29 et 30 janvier (20 000 à 65 000 personnes ont défilé).

Des négociations difficiles

Face à la situation de blocage, l’ensemble des organisations patronales et la Chambre de commerce et d'industrie de Pointe à Pitre se sont regroupées dans un Mouvement des entrepreneurs de la Guadeloupe, MEG. Une liste de 15 résolutions a été établie, dont certaines revendications à l’égard de l’Etat. Compte tenu du coût de l’augmentation des salaires (108 millions d’€), le MEG demande des exonérations de charges sociales.

Les négociations ont été entamées fin janvier entre les représentants du LKP, de l’Etat, les élus et le patronat. Le 31 janvier, les présidents du Conseil général et du Conseil régional proposaient :

  • Une diminution de différentes taxes,
  • Une baisse du tarif des cantines scolaires, 
  • Une augmentation des bourses régionales pour les étudiants,
  • Une prime de 150 € aux plus démunis par la région (128 000 personnes concernées) et par le département (61 000 personnes concernées).

Début février, Yves Jégo, secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-mer, arrive en Guadeloupe. Il fait rapidement plusieurs annonces, dont l’engagement de la grande distribution à baisser les prix de 100 produits, et l’application dès 2009 du revenu de solidarité active (prévue seulement pour 2011). Un accord est trouvé avec les gérants de station service.

Un pré-accord est obtenu le 8 février, conditionné à l’accord du premier ministre sur les exonérations de charges sociales patronales. Des solutions ont été trouvées pour les 131 autres points de la négociation. La fin du conflit semble se profiler.

Mi-février, le départ inattendu du secrétaire d’Etat pour Paris, perçu comme une rupture unilatérale des négociations, puis le refus du Premier ministre, François Fillon d’alléger les charges sociales tendent la situation. Les premières violences se produisent.

Le retour d’Yves Jégo, accompagné de médiateurs, relance les négociations. Le secrétaire d’Etat renvoie aux partenaires sociaux la responsabilité de trouver un accord sur la hausse des salaires.

Finalement, un protocole d’accord est signé le 4 mars par le LKP et les représentants de l’Etat. Il énumère les avancées obtenues sur les 146 revendications. L’accord salarial annexé, qui prévoit une hausse de 200 € des bas salaires, n’est signé que par des organisations patronales minoritaires. Le Mouvement des entreprises de France, MEDEF et sept autres organisations ont refusé de reprendre les négociations.

Le ministère du Travail a annoncé dès le 7 mars que l’accord sera étendu.

Commentaire

Le taux de syndicalisation est particulièrement fort en Guadeloupe, et l’Union générale des travailleurs de Guadeloupe, UGTG (syndicat majoritaire avec 51% aux élections prud’homales de décembre dernier, FR090101I) a joué un rôle déterminant dans la constitution du LKP.

Le refus du gouvernement d’alléger les charges sociales est en partie motivé par l’inquiétude de voir le mouvement s’étendre aux 3 autres départements d’Outre-mer. A la Réunion, une journée de mobilisation contre la vie chère a eu lieu le 5 mars. Depuis le 5 février, la Martinique était en grève générale. Les négociations quadripartites ont abouti à un accord le 11 mars.

Dans le contexte actuel, la discussion au Sénat du projet de loi-programme sur l’Outre-mer à partir du 10 mars semble pour le moins prématurée.

Annie Jolivet, Institut de recherches économiques et sociales (IRES)


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