Les migrants ont un long chemin à parcourir pour s’intégrer sur le marché du travail européen
La crise des réfugiés a posé des défis importants à l’Europe – nous n’avons pas assisté à une migration de population d’une telle ampleur depuis la Seconde Guerre mondiale. L’exode des régions déchirées par la guerre a d’abord posé un défi humanitaire aux pays de première ligne comme la Grèce et l’Italie. Cependant, le défi à plus long terme lié à l’intégration réussie des nouveaux arrivants est un problème pour l’Europe dans son ensemble. L’intégration de ces nouveaux migrants sur le marché du travail est vitale, non seulement pour leur inclusion sociale, mais aussi pour la cohésion économique et politique de l’Europe.
L’intégration effective et rapide des nouveaux migrants sur le marché du travail est devenue une question importante à l’ordre du jour politique de nombreux États membres de l’UE. Ce n’est pas surprenant car, outre la facilitation de l’inclusion sociale, l’intégration sur le marché du travail est importante pour alléger la pression sur les systèmes sociaux, constitue une réponse économiquement rationnelle (à la crise des réfugiés) et, à long terme, peut atténuer les problèmes de l’Europe face au vieillissement de la population et à la diminution de la main-d’œuvre. En outre, une intégration efficace et durable sur le marché du travail peut améliorer la cohésion sociale tant au niveau local que dans la société dans son ensemble – par exemple, par l’intermédiaire de leurs collègues de travail, les réfugiés et les demandeurs d’asile nouvellement arrivés peuvent s’impliquer davantage au niveau communautaire et dans d’autres activités sociales.
Tous les pays de l’UE ont été touchés par la crise des réfugiés, souvent directement. Il ne s’agit pas d’une question qui se limite aux frontières nationales et qui ne peut pas être examinée isolément. Le rapport d’Eurofound sur les approches de l’intégration des réfugiés et des demandeurs d’asile sur le marché du travail examine les mesures pratiques qui ont été prises dans différents États membres de l’UE. Il est clair que l’intégration de ces nouveaux migrants sur le marché du travail n’est pas seulement une question de compétences ou de procédures juridiques, mais aussi de conditions de vie, de répartition géographique, d’incitations pour les employeurs et d’éducation.
Par exemple, les conditions de vie dans les centres d’accueil sont souvent inadéquates pour préparer les personnes à intégrer le marché du travail. La surpopulation et les mauvaises conditions de vie sont signalées, ainsi que le manque de logements. Et bien que la répartition géographique des demandeurs d’asile et des réfugiés à l’intérieur des différents pays soit planifiée, il n’y a aucune garantie d’opportunités d’emploi à proximité des centres d’accueil et des lieux d’hébergement des migrants.
Différentes situations pour les réfugiés et les demandeurs d’asile
La situation des réfugiés (ceux qui bénéficient d’un statut de protection internationale officiellement reconnu) et des demandeurs d’asile (ceux qui ont demandé une protection internationale et qui attendent une décision) peut également être très différente. Le financement des services d’emploi pour les demandeurs d’asile est souvent moins bien établi que pour ceux des réfugiés, et l’accès à ces services n’est pas aussi simple. De même, les droits à la sécurité sociale des demandeurs d’asile qui travaillent varient considérablement d’un État membre à l’autre, et les règles sont souvent moins favorables que pour d’autres groupes de migrants, y compris les réfugiés.
Une autre question vitale est celle de l’éducation. Des dispositions spéciales pour les enfants d’âge scolaire de réfugiés et de demandeurs d’asile ne sont pas toujours garanties, certains pays faisant état de problèmes de capacité, affirmant que les écoles sont mal préparées à recevoir ce groupe spécifique d’élèves. Cela pourrait causer des problèmes de mobilité sociale à l’avenir et renforcer la nature cyclique de la pauvreté et de l’exclusion sociale.
Le nombre de demandeurs d’asile nouvellement arrivés depuis 2015 a entraîné une augmentation du recours à l’asile temporaire. Cela peut affaiblir la position des réfugiés sur le marché du travail, car cela peut dissuader les employeurs de les embaucher ou de leur proposer des contrats à plus long terme, car ils sont réticents à investir dans la formation.
Une question d’accès, pas de motivation
Malgré ces obstacles à l’accès au marché du travail, plusieurs pays ont l’impression que le manque de motivation au travail est le principal problème à résoudre, un certain nombre d’États membres ayant récemment réduit certains services sociaux et allocations non liés à l’emploi fournis aux demandeurs d’asile et/ou aux réfugiés. Cependant, ces mesures risquent d’isoler davantage les personnes du marché du travail, car elles rendent plus difficile pour les personnes concernées de vivre dans des conditions décentes. Les restrictions au regroupement familial peuvent avoir un impact similaire, retardant encore l’inclusion sociale (et sur le marché du travail).
Les réfugiés et les demandeurs d’asile sont également confrontés à des défis spécifiques et à des restrictions administratives lorsqu’ils deviennent indépendants, et dans un certain nombre de pays, les mesures visant à faciliter le travail indépendant des réfugiés sont soit des initiatives générales, soit ciblent les immigrants en général et ne tiennent donc pas compte des besoins spécifiques des réfugiés.
Malgré ces problèmes persistants, il faut reconnaître que dans les principaux pays de destination, il existe une forte volonté politique d’intégrer les réfugiés et les demandeurs d’asile sur le marché du travail le plus rapidement possible. Un consensus plus large se développe sur le fait que l’intégration effective des réfugiés et des demandeurs d’asile devrait être une priorité pour l’Europe dans son ensemble. Cependant, nous sommes loin de cet objectif, et un effort concerté impliquant les partenaires sociaux est nécessaire pour faire de l’intégration sociale et économique effective des réfugiés et des demandeurs d’asile une réalité.
Cet article a été initialement publié le Europe sociale
Nations Unies : Journée mondiale des réfugiés
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Publication: Approches de l’intégration des réfugiés et des demandeurs d’asile sur le marché du travail :
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14 December 2016
This report expands on existing research on the labour market integration of refugees and asylum seekers as a response to the refugee crisis. It updates information on legislation and practical arrangements in the first half of 2016, examines labour market integration in the broader context of receiving asylum seekers and supporting both them and refugees, and explores the role of the social partners. The study finds that the main countries affected made many efforts to provide faster and easier access to their labour markets for asylum seekers. In some, the social partners have been active in designing more effective labour market integration policies and have launched some promising initiatives. The sudden and large inflow of asylum seekers, however, posed many challenges, and it remains to be seen how those obstacles can be overcome.
